26 février 2021

Le China Bashing (2)

Par Alexis Gantier

Après avoir regardé ce reportage racoleur « Chine la grande offensive » diffusé par Complément d’enquête sur France 2 hier soir, on reste pantois d’amusement, mais également agacés car il y aura malheureusement des victimes collatérales et notamment la montée d’un racisme anti chinois à craindre à la suite de ce genre de reportage sensationnaliste, absolument vide du moindre intérêt.

Le réalisateur de ce reportage de qualité médiocre, Michael Sztanke, aurait pu le nommer « le péril jaune ». Cela n’aurait pas dénoté de l’ensemble tant ce travail est ni fait ni à faire et ressemblant au plus à un film de propagande des années 30….

Qu’y a-t-il eu de présenté dans ce faux document et vraie enquête à charge ?

Nous apprenons donc que la Chine s’essaie à la diplomatie, qu’elle essaie d’influencer le reste du monde à ses idées par des réseaux d’influence comme son ambassade, des hommes d’affaires, des anciens ministres, des chercheurs et des français lambdas qui aiment ce pays sincèrement. Mon dieu.

On apprend que la Chine fait du lobbying, ce que tous les pays du monde font. On apprend aussi que les réseaux Institut Confucius sont des méchants relais de propagande de l’état chinois. Peu importe pour les réalisateurs de ce reportage, que l’institut ne fasse la promotion que de l’apprentissage de la langue, la gastronomie et la culture chinoise au sens large. Mais ce n’est pas grave. Tous les mensonges sont bons. Plus c’est gros plus ça passe. Combien de français connaissent réellement les Instituts Confucius ? Très peu. Le mensonge est à bon compte. Personne n’ira vérifier.  On apprend donc avec consternation que la gastronomie chinoise et apprendre le chinois sont des instruments de propagande de l’Etat chinois et que vous vous y rendez à vos risques et périls ! On y apprend que la Chine souhaite éviter que l’on parle dans ses propres magasines « la Chine au présent » du Tibet, de Taiwan, de Tiananmen, excusez du peu ! Ces journalistes sans doute souhaiteraient être les rédacteurs en chef et écrire à la place des chinois….

Le journaliste s’offusque que la Chine, partenaire d’une Université belge obscure, refuse que l’on parle des ouighours et que l’on raconte les mensonges éhontés sur cette minorité …Scandaleux !

Bien sûr, la Chine a beaucoup de travail à faire pour mieux communiquer en Europe. Sans doute que le PCC a commis quelques maladresse, notamment l’interdiction de cette Expo à Nantes sur Gengis  khan.….ce qui fut sans doute désastreux, en terme d’image . Sans doute, que l’ambassadeur chinois en France pourrait mieux faire pour expliquer au français moyen ce qui se passe au Xinjiang.

Mais dans ce genre de reportage biaisé, tout est sujet à caution. Même le vocabulaire choisi minutieusement et utilisé pour qualifier le PCC :

La voix off utilise le terme « Les Chinois » au lieu de parler du gouvernement chinois. (PCC).

 De même, employer le mot « régime », pour qualifier le gouvernement. Tout ceci est fait à dessein, rien n’est laissé au hasard, chaque mot est pesé pour susciter la peur ou le rejet.

On passera rapidement sur une obscure enquête à Hollywood ou le journaliste s’offusque que les chinois refusent que certains films dont ils financent la production montre des scènes de nudité, ou parle de Taiwan…c’est absolument risible dans la mesure ou Hollywood fait du soft power depuis des décennies. On passera rapidement sur des images où on nous montre des chinois à des postes clé de l’OMS ou d’autres organisations comme on montrerait des pestiférés, des hommes complotant à des fins obscures comme on montrait les juifs dans les années 30…

Bref, au bout du compte, et après 1H 20 de doc, rempli de musiques pour faire peur, de témoignages périphériques et inutiles, de vide intersidéral du contenu, on se dit que la soif sensationnaliste, la soif de vendre pour Babel est plus fort que tout. Même plus fort que leur intégrité journalistique. Mais depuis la crise des gilets jaunes on s’en doutait un peu… Je ne m’attarderai pas sur ces deux boites de productions de documentaires, Babel et Baozi, deux petites boites qui surfent sur la vague anti chinoise des médias pour arrondir leurs fins de mois. On ne s’attardera pas non plus sur leur objectivité, tout ça, c’est du menu fretin, non ce qui nous intéresse c’est plutôt pourquoi les dirigeants de France 2, chaine publique, payés par nos impôts cherche à nuire à la Chine ? Qu’y a-t-il derrière toute cette campagne de désinformation ?

Difficile à dire. Les dirigeants de programmes de France 2 sont à la recherche de docs sensationnalistes pour faire peur au français moyen et c’est une des multiples facettes de ce que l’on peut désormais appeler les « China haters « » avec Raphael Glucksman, député européen en tête d’affiche et Arnaud Montebourg, ancien ministre. Il s’agit d’un ensemble plus ou moins protéiforme, dont l’objectif ultime est de décrédibiliser la Chine aux yeux du public.

Glucksman on y reviendra dans un autre article est un influenceur proche Etats Unis, inféodé totalement aux mouvements ultralibéraux. Il fut membre de réseaux atlantistes, néo conservateur, (ancien membre du cercle de l’oratoire) et il est la figure de proue en France de l’anti Chine.

En tout cas, et pour conclure, le China Bashing est sur la télévision publique, et promouvoir la méfiance d’un pays entier, de ses citoyens, est au mieux minable, au pire lamentable et indigne d’une chaine du service publique.