Répétition en Ukraine, pratique à Taïwan
Taïwan, la nouvelle poudrière prête à exploser.
Mais d’abord un petit résumé de l’actualité.
Plus de 2 mois après le début de l’invasion Russe en Ukraine, nous pouvons désormais tirer quelques conclusions des tactiques des 2 camps.
Coté Russe, la tactique du début fut un désastre. L’armée russe était surprise par les forces ukrainiennes entraînées, armées, renseignées et réformées depuis des années par l’OTAN. A cela s’ajoute l’hécatombe des hauts gradés, probablement du à des fuites au sein des services russes, la Russie n’a pas pu accomplir tous ses objectifs initiaux.
A leur décharge, la règle d’engagement du début était de préserver au maximum les populations russophones pour la plupart, les soldats marchaient sur le œufs. Ce qui a causé beaucoup de pertes.
L’OTAN a éprouvé sur le terrain une tactique qui fait mal. La guerre par procuration. Brûler du cache pour faire couler le sang de quelqu’un d’autre est un business rentable. Cela permet d’écouler le stock d’armement afin de le renouveler plus facilement. L’armement de l’OTAN et surtout les renseignements constituent un atout majeur. La pluie de missiles russes au début des opérations n’a pas servi à grand chose, le renseignement OTAN avait déjà dissimulé une partie des forces aériennes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la Russie n’a toujours pas le contrôle total des airs.
L’OTAN a atteint son objectif. Celui qui consiste à tester sa tactique grandeur nature. Une tactique qu’il emploie avec Taïwan depuis des décennies.
Taïwan reçoit du matériel et formation militaire américains depuis très long temps. Le personnel est déjà familier avec le matériel US, y compris les chasseurs.
La doctrine chinoise était la saturation de la défense de l’Île par des milliers de missiles, afin de neutraliser les capacités de défense aériennes. Puis, prendre l’île rapidement avec un débarquement massif protégé par l’aviation, avant que les porte-avions de la NAVI se pointent à l’horizon. Tout est dans la vitesse de l’exécution.
Mais l’échec du blitzkrieg russe en Ukraine pose un gros problème aux chinois. La tactique chinoise ne fonctionnera pas.
Un témoin français, ancien militaire, atteste la pratique des unités Azov, qui cachent les matériels militaires dans les édifices civils. Ce qui pose problème aux russes, et ce sera encore pire pour la Chine.
En effet, si russes et ukrainiens sont liés par leur culture, il n’y a pas plus ressemblant à un chinois qu’un taïwanais. Aller infliger une opération meurtrière à Taïwan est purement suicidaire pour la Chine. Ce sera comme diriger un éléphant dans une boutique de porcelaine.
Il est aussi intéressant de constater le changement de doctrine militaire taïwanaise dès 2020.
L’exercice militaire taïwanais de cette année met l’accent sur la préservation des forces vives après une première vague d’attaque massive de “l’ennemi”. Et les taïwanais ne manquent vraiment pas d’imagination pour dissimuler les chars et BMPT parmi les édifices civils.
Distinguer le vrai du faux par satellite ce genre de déguisement est très compliqué.
Cela signifie que la pluie de missiles chinois ne permettra pas la neutralisation des forces vives “ennemies”. Ce que les chinois prenaient pour de la rigolade lorsqu’ils ont vu ces techniques de dissimulation en 2020, sonne comme un avertissement sévère au vu des résultats sur le terrain ukrainien.
La Chine ne pourra jamais se permettre la stratégie de la terre brûlée à Taïwan, comme l’a fait l’OTAN en Serbie en 1998. Si l’armée chinoise ne peut pas mettre à terre la défense de l’île en 48 heures, elle devra faire face aux porte-avion de la US NAVI. Et là, ça va se compliquer.
Si l’OTAN veut rentabiliser le résultat de ses “tests” en Ukraine, il lui faudra agir vite avant que la Chine trouve de nouvelles tactiques.
Et bien sur, les États-Unis n’ont pas attendu.
Après la visite des 6 sénateurs à Taïwan au mois d’Avril, une petite modification subtile du site web du département d’état américain constitue un premier pas vers une probable escalade de tension Sino-américaine.
La phrase où les États-Unis reconnaissent Taïwan comme partie intégrante de la République Populaire de Chine a disparu. Un équilibre fragile, un statu-quo depuis 1979 vient d’être rompu de façon unilatérale.
Biden n’a pas non plus renoncé à faire entrer Taïwan dans les institutions comme l’OMS.
La visite de Biden en Corée du sud et au Japon est pour envoyer un signal fort à Pékin. Les États-Unis ont désormais un plan.
Une guerre asymétrique qui permettra de traîner une puissance militaire supérieure dans un bourbier meurtrier, avec l’aide de l’OTAN et des pays voisins de la Chine.
Ce sera, probablement, sans les Philippines. Le retour de la puissante famille Marcos aux commandes du pays se fait dans la continuité de la politique de Duterte.
Marcos Jr, fils du président du même nom qui avait régné aux Philippines pendant 21 ans, a fait toute sa scolarité en Occident et souhaite régler les différents avec la Chine au tour d’une table de négociation. Ce qui n’est pas du goût des États-Unis. A peine élu, le nouveau président est déjà dénigré par les médias mainstream:
En conclusion, la situation en Asie est devenue très complexe. La guerre en Ukraine est comme une répétition pour l’OTAN qui a peaufiné sa tactique militaire afin de préparer une confrontation contre une Chine ne peut plus bénéficier d’un soutient total et efficace de la Russie. Les semaines et les mois à venir seront riches en événements d’importance capitale dans la zone indo-pacifique.