25 août 2021

Le sceptre de l’empire US: le pétrodollar … contesté?

Par serge delain

La première chose que les 11 porte avions de la NAVY défendent à travers le monde, serait bien le pétrodollar. Celui-ci constitue le symbole absolu de l’hégémonie et de la puissance incontestée des états-unis d’Amérique. Washington est mis au courant de chaque goûte de pétrole vendue dans le monde, et pourra imposer sa loi afin de préserver ses intérêts. Exemple, si Total n’obtient pas de dérogation de la part des états-unis, il ne pourra pas rester en Iran pour le développement et la production de la phase 11 de South Pars (SP11), et bien, il va devoir plier bagage. La dite “dérogation” n’est jamais arrivée. Ce n’est peut-être pas le meilleur exemple pour illustrer la puissance du pétrodollar, mais l’hégémonie monétaire américaine.

Laissez moi vous citer un contre exemple de ceux qui oseraient défier le pétrodollar.

https://www.liberation.fr/futurs/2000/09/27/saddam-hussein-vole-au-secours-de-l-euro_338712/

En 2000, l’ancien maître de l’Irak Saddam Hussein a clairement exprimé le souhait de vendre à l’Europe son pétrole en échange de la future monnaie unique de l’union. Quand son ministre de l’économie a fait cette annonce, Saddam n’avait plus que 6 ans à vivre, mais il ne le savait pas encore.

Puis, il y a un autre problème face au pétrodollar, l’OPEP. Un contre poids mineur, mais intolérable qui dérange. La solution pour les états-unis: se débarrasser de la variable l’OPEP tout en mettant la pression sur la Russie, avec le gaz de schiste.

Mais cela ne suffit pas. En 2018, la loi anti-OPEP Nopec (No Oil Producing and Exporting Cartels Act) refait surface.

“Loi sur les cartels ne produisant et n’exportant pas de pétrole”, qui aurait pour effet de lever l’immunité souveraine des Etats membres de l’Opep aux Etats-Unis.

Si le gaz de schiste fait perdre à l’Arabie Saoudite son pouvoir de fixer le prix du pétrole au niveau mondial, cette loi constitue une arme redoutable pour faire pluie et beau temps dans le golf. Et ce sera plus la tempête.

Mais le royaume n’entend pas se laisser faire. Il menace de représailles “nucléaires” si la loi passe au congrès américain.

Quelle est donc cette option nucléaire saoudienne qui ferait réfléchir une hyper puissance comme celle des états-unis?

L’abandon du pétrodollar par le royaume.

Faisons un petit compte.

Les investissements du royaume aux états-unis montent plus d’un millier de milliards de dollars US.

Saudi Aramco, le premier exportateur de pétrole au monde, affiche un chiffre d’affaire de 365 milliards de dollars en 2018.

Les échanges de dérivés du pétrole sont également largement libellés en dollars, le volume des échanges atteignant 5 000 milliards de dollars, toujours en 2018.

L’option nucléaire saoudienne pèse donc plus de 6000 milles milliards de dollars. Il y a largement de la place pour les autres monnaies telles que l’Euro, voire pire, le Yuan chinois.

Aux dernières nouvelles, NOPEC n’est toujours pas passée.

La loi NOPEC est clairement la ligne rouge pour les saoudiens. Toucher à cette ligne, provoquera une tempête plus importante encore que la crise financière de 2008 et la pandémie du covid19 auraient pu provoqué ensemble. Une guerre mondiale s’éclatera où tous les acteurs majeurs seront impliqués.

Mais ce n’est pas tout. L’accord stratégique sino-iranien sur 25 ans prévoit également des montants astronomiques en achat énergétique et investissements. Le gros problème de cet accord pour les états-unis n’est pas le respect des droits de l’homme dans les 2 pays protagonistes, mais la monnaie utilisée. Elle n’est pas le dollar américain. Le montant des 400 milliards de dollars étalés sur 25 ans n’est que symbolique au vue du volume d’échange annuel du pétrodollar, mais assez dérangeant car cela constitue un précédent pour les pays désireux de sortir du pétrodollar afin de diversifier leurs devises ( et l’avenir ? ).

Si la Russie a imité Saddam Hussein en préférant l’Euro au Dollar pour plus de la moitié de ses ventes énergétiques, l’Europe y réfléchit sérieusement ( mais discrètement ) depuis quelques années. On image que l’Élysée l’a eue mauvaise, quand Total a perdu son contrat historique en Iran, au profit du chinois Sinopec.

Solution?

Contourner les futures sanctions américaine en créant le pétroeuro.

Cela devrait se passer début 2022. Et ce sera un moment historique. En effet, l’Europe est le plus grand importateur énergétique du monde et elle règle ses pleins à la pompe en dollar américain. Une situation pas si étrange que cela qu’on connaît un peu l’hégémonie absolue des états-unis dans le domaine économique, financière et militaire.

Vouloir régler ses factures à la pompe avec sa propre monnaie est un luxe que très peu de pays au monde peuvent se permettre.

Nous voyons ici 2 aspects importants de la puissance du pétrodollar.

Un, il est puissant et incontesté, et risque de l’être encore pour très long temps.

Deux, l’étendu de sa puissance a atteint sa limite physique. Des zones qui lui échappent apparaissent en périphérie de sa zone de domination. Ces zones lui sont inaccessibles et grossissent dans le temps.

En conclusion, je pense qu’il serait préférable de nous passer de l’addiction pétrolière afin de trouver une voie de survie avant que la tempête climatique n’éclate? Après tout, c’est quand même nous, les consommateurs finaux qui ont la décision finale.